Tu rêves d’écrire un roman que tes lecteurs ne pourront pas lâcher ?
Un récit qui les accompagnera, page après page, jusqu’à la dernière ligne ?
En tant que romancier, ton plus grand défi est de maintenir l’attention de ton lecteur du début à la fin. Cette capacité à captiver ne repose pas seulement sur l’inspiration : elle s’appuie sur des techniques narratives concrètes que l’on peut apprendre et affiner.
Dans cet article, je te présente 9 méthodes pratiques pour dynamiser ton manuscrit et le rendre irrésistible. Des approches simples et efficaces, conçues pour créer une expérience de lecture fluide, immersive — et respectueuse de ton lecteur.
C’est parti !
1. Cliffhanger : suspendre l’histoire au moment crucial pour captiver
Le cliffhanger est une technique narrative puissante : il s’agit de conclure un chapitre ou une scène au moment le plus critique, créant une tension qui pousse irrésistiblement ton lecteur à tourner la page pour découvrir la suite.
Comment fonctionne un cliffhanger efficace ?
Pour réussir un cliffhanger, termine ton chapitre sur un élément qui crée une forte tension : une révélation surprise, une situation dangereuse ou une décision importante laissée en suspens.
4 formules qui marchent
- Le cliffhanger de danger : le personnage se retrouve en situation périlleuse, sans qu’on sache ce qui va lui arriver.
Exemple : La porte s’ouvrit lentement, révélant le canon d’un revolver pointé directement sur sa poitrine. - Le cliffhanger de révélation : une vérité surprenante change tout ce qu’on croyait savoir.
Exemple : Le test ADN confirmait ses pires craintes : l’assassin était son propre frère. - Le cliffhanger émotionnel : un personnage doit faire un choix difficile, touchant à ses valeurs profondes
Exemple : Elle devait choisir maintenant : sa carrière ou son mariage. Aucun retour en arrière ne serait possible. - Le cliffhanger de rencontre : un personnage inattendu surgit et renverse la situation.
Exemple : Quand elle leva les yeux, elle rencontra le regard de l’homme qu’elle croyait mort depuis dix ans.
Exemple :
Dans Misery de Stephen King (1987), presque chaque chapitre se termine par une révélation ou un danger imminent, rendant toute pause de lecture difficile. Cette construction renforce l’angoisse que ressent le lecteur tout au long du livre.
« Le suspense est ce qui se passe entre le moment où vous ouvrez la porte et celui où vous découvrez s’il y a un tigre derrière. »
— Alfred Hitchcock
⚠️L’erreur qui gâche tout
Le cliffhanger artificiel : il promet plus qu’il ne livre.
Si ton chapitre se termine sur « Elle découvrit un secret qui allait changer sa vie », mais que tu révèles ensuite un détail anodin, ton lecteur se sentira trompé.
🔧 Pour t’entrainer :
- Analyse critique : Relis les fins de tes chapitres. Peux-tu y ajouter un cliffhanger naturel, sans forcer l’intrigue ?
- Réécriture ciblée : Choisis une scène et retravaille sa fin pour créer un moment qui donne envie de continuer.
💡 Mon conseil pratique : Utilise les cliffhangers avec parcimonie. Trop nombreux, ils risquent de fatiguer ton lecteur et d’enlever de la force aux vrais moments importants. Garde-les pour les passages où la tension atteint naturellement son point culminant.
2. Paralipse : retenir une information pour mieux intriguer
La paralipse est cette technique d’écriture où tu caches volontairement une information que ton personnage connaît, mais que tu ne révèles pas tout de suite au lecteur. Ce décalage crée une curiosité qui pousse à continuer la lecture.
Comment fonctionne efficacement la paralipse ?
Pour utiliser cette technique, cache stratégiquement des informations importantes que tes personnages connaissent déjà, mais que tu ne montres pas immédiatement à ton lecteur. Ce petit secret crée une tension et donne envie de comprendre les vraies motivations des personnages.
Exemples :
Gone Girl de Gillian Flynn (2012) utilise brillamment cette technique en cachant des éléments cruciaux dans les journaux d’Amy, créant un écart frappant entre ce que le lecteur croit savoir et la vérité surprenante qui se dévoile peu à peu.
L’Étranger d’Albert Camus (1942) emploie la paralipse quand Meursault, le narrateur, raconte le meurtre qu’il commet sur la plage. Il décrit ses actions avec précision, mais cache ses motivations et ses émotions, créant un mystère que le lecteur cherche à résoudre. Ce n’est que progressivement qu’on comprend son détachement émotionnel.
« Ce n’est pas ce que l’on cache au lecteur qui compte, mais pourquoi on le cache. » — George R.R. Martin, maître des révélations narratives
⚠️ L’erreur qui gâche tout
La paralipse arbitraire ou manipulatrice est l’erreur principale à éviter. Le lecteur doit sentir que l’information est cachée pour une bonne raison liée à l’histoire ou au personnage, pas juste pour créer une surprise artificielle qui pourrait sembler forcée ou malhonnête.
Quand éviter cette technique
La paralipse peut ne pas marcher dans certains cas :
- Dans les passages où la confiance entre le narrateur et le lecteur est essentielle
- Dans les types de romans qui préfèrent la clarté narrative comme certains romans d’apprentissage
- Quand elle risque de créer une frustration trop grande plutôt qu’une curiosité positive
🔧 Pour t’entraîner
- Identification stratégique : Trouve un moment important où ton personnage principal pourrait agir selon une information que tu choisis de ne pas révéler tout de suite au lecteur.
- Création de motivation cachée : Écris une scène où le comportement de ton personnage semble étrange jusqu’à ce que le lecteur découvre plus tard la raison secrète qui explique tout.
💡 Mon conseil pratique : La paralipse fonctionne particulièrement bien dans les thrillers psychologiques, les mystères et les romans à suspense. Utilise-la pour rendre tes personnages plus complexes plutôt que comme un simple truc pour créer des surprises.
3. Arcs émotionnels : créer un lien fort avec ton lecteur
Les lecteurs s’attachent profondément aux personnages qui changent émotionnellement. En construisant des parcours émotionnels riches et crédibles, tu renforces leur intérêt du début à la fin de ton histoire.
Comment ça marche concrètement ?
Un arc émotionnel captivant suit les hauts et les bas du personnage : ses faiblesses, ses conflits intérieurs, ses moments difficiles, ses victoires et ses transformations.
Exemples :
- Les Misérables de Victor Hugo (1862) offre l’un des parcours émotionnels les plus puissants de la littérature. Jean Valjean passe de la colère et du ressentiment au pardon et au sacrifice de soi, montrant une transformation qui touche tout le monde.
- L’Élégance du hérisson de Muriel Barbery (2006) raconte l’évolution de Renée Michel, concierge cultivée en secret, qui passe d’une vie cachée à une ouverture aux autres et aux sentiments, créant une histoire vraiment touchante.
« Un personnage sans évolution est un personnage oublié. » — Margaret Atwood
La formule qui fonctionne
- État initial : montre clairement comment se sent le personnage au début.
- Catalyseur : introduis un événement important qui bouleverse sa situation.
- Réaction : montre comment il répond, souvent de façon maladroite ou défensive.
- Lutte : décris ses tentatives (et ses échecs) pour retrouver son équilibre.
- Transformation : révèle son changement intérieur progressif.
- Résolution : présente sa nouvelle façon d’être et de ressentir.
⚠️ L’erreur qui gâche tout
Le changement artificiel : une transformation trop rapide ou mal expliquée semble forcée et détruit la crédibilité émotionnelle.
🔧 Pour t’entraîner :
- Scène de vulnérabilité : écris un moment où ton personnage principal abandonne ses défenses et montre ses faiblesses.
- Cartographie émotionnelle : trace l’évolution des émotions de ton personnage sur trois chapitres qui se suivent, en repérant les déclencheurs et les réactions.
💡 Mon conseil pratique : Les meilleurs arcs émotionnels ne sont presque jamais en ligne droite. Ajoute des reculs, des doutes, des résistances : c’est cette complexité qui grave ton personnage dans la mémoire du lecteur.
👉 Pour que ça fonctionne, il te faut des personnages en béton armé (enfin, de chair et de sang). Mon article Donne vie à des personnages de fiction inoubliables est là pour ça.
4. Dialogues : dynamiser tes échanges pour faire avancer ton récit
Un bon dialogue fait bien plus que transmettre des infos – il dévoile qui sont vraiment tes personnages, crée des tensions qu’on ressent et fait avancer ton histoire naturellement.
Comment ça marche concrètement ?
Pour créer des dialogues captivants, mise sur des échanges percutants qui révèlent des infos importantes, montrent les conflits ou créent des sous-entendus riches en implications. Chaque réplique doit avoir un but précis et servir ton récit.
Exemples :
Dans Le Dîner de cons de Francis Veber (1993), adapté ensuite au théâtre et au cinéma, chaque réplique nous montre petit à petit les failles des personnages tout en créant une tension comique avec des malentendus bien ficelés.
L’Art de perdre d’Alice Zeniter (2017, Prix Goncourt des Lycéens) utilise les dialogues pour explorer les tensions entre générations et cultures. Dans les conversations entre Naïma et son père, parfois ce qu’ils ne disent pas en dit autant que leurs paroles !
« Le dialogue doit faire trois choses à la fois : caractériser, faire avancer l’intrigue et communiquer des informations. » — Robert McKee, théoricien reconnu du scénario
Les formules qui fonctionnent
Le subtexte : C’est ce que tes personnages ne disent pas explicitement.
Le vrai message se cache souvent entre les lignes.
Les interruptions stratégiques : Coupe une révélation pile quand ça devient intéressant, et ton lecteur voudra forcément connaître la suite.
Des façons de parler uniques : Donne à chaque personnage sa propre manière de s’exprimer, avec ses expressions préférées et son rythme.
Du dialogue en mouvement : Ajoute des gestes, des regards ou des mouvements pendant les conversations pour enrichir ce qui se passe.
⚠️ L’erreur qui gâche tout dans l’écriture des dialogues
L’erreur classique ?
Le dialogue d’exposition artificiel. Évite les répliques qui sonnent faux comme « Comme tu le sais, je suis ton frère depuis 30 ans…»
🔧 Pour t’entraîner
- Objectifs opposés : Écris une scène où deux personnages veulent des choses complètement différentes tout en restant polis en apparence.
- Joue avec le non-dit : Reprends un dialogue que tu as écrit et ajoutes-y des sous-entendus pour créer plus de tension.
💡 Mon petit conseil : Les meilleurs dialogues semblent naturels, mais sont beaucoup plus percutants que nos vraies conversations. N’hésite pas à couper les « bonjour, comment ça va », les « euh » et tout ce qui n’apporte rien à ton histoire ou à tes personnages.
👉 Pour aller plus loin, Écrire des dialogues vivants : conseils pratiques pour auteurs
5. Révélations : doser le suspense grâce au dévoilement progressif
Distiller les infos importantes petit à petit, c’est le secret pour garder ton lecteur accroché ! Chaque page peut apporter un nouvel éclairage qui le pousse à tourner la suivante.
Comment ça marche concrètement ?
Saupoudre ton histoire d’indices et de révélations qui s’accumulent stratégiquement. Le tableau complet ne doit apparaître qu’à la fin. Cette technique joue sur la curiosité naturelle de ton lecteur qui veut absolument connaître la suite.
Exemples :
Le Mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux est un chef-d’œuvre du genre ! Les indices sur l’attaque dans une pièce fermée de l’intérieur sont savamment distillés, et on se prend au jeu en menant l’enquête aux côtés du reporter Rouletabille.
Les Âmes grises de Philippe Claudel utilise brillamment cette technique. À travers les souvenirs du narrateur, on découvre peu à peu les circonstances du meurtre d’une jeune fille et les secrets d’un village pendant la Première Guerre mondiale.
« Un bon mystère n’est pas celui qui vous surprend à la fin, mais celui qui vous fait dire ‘bien sûr, j’aurais dû le voir venir’. » — Agatha Christie
Une formule qui fonctionne
- Pose ta question : Lance l’énigme principale qui va captiver ton lecteur dès le départ
- Égare-le un peu : Glisse des infos qui l’orientent vers une fausse piste
- Sème les vrais indices : Place discrètement les bons indices parmi les faux
- Révèle une partie : Dévoile un morceau de vérité qui remet tout en question
- Livre le fin mot : Résous l’énigme en connectant tous les indices de façon satisfaisante
⚠️ L’erreur qui gâche tout
Méfie-toi de la révélation ex machina – sortir soudainement un élément crucial qui n’avait jamais été suggéré avant. Les meilleures révélations sont celles qui surprennent sur le moment mais qui, après coup, semblent parfaitement logiques.
🔧 Pour t’entraîner
- Planifie tes révélations : Trace une chronologie précise de ton intrigue en notant quand et comment chaque info importante sera dévoilée.
- La découverte qui change tout : Écris une scène où un personnage tombe sur une info cruciale de façon inattendue, mais qui était annoncée subtilement par des indices précédents.
💡 Mon petit conseil : Pour que tes révélations fonctionnent vraiment, assure-toi que ton lecteur dispose de tous les éléments nécessaires pour résoudre l’énigme, même s’ils sont bien cachés. Une révélation réussie provoque ce moment magique où toutes les pièces du puzzle s’assemblent d’un coup dans l’esprit du lecteur.
6. Horloge qui tourne : mets la pression du temps au service de ton récit
Rien ne captive plus qu’une bonne vieille course contre-la-montre ! Quand le temps file, tes personnages sont forcés d’agir vite, de prendre des décisions rapides, et ton histoire s’accélère naturellement, tenant ton lecteur en haleine.
Comment ça marche concrètement ?
Fixe un délai impossible à ignorer pour tes personnages, avec des conséquences graves s’ils échouent. Cette pression change complètement la façon dont ils agissent et interagissent.
Exemples :
Dans La Nuit des temps de Barjavel, des scientifiques doivent extraire des infos cruciales d’une civilisation enfouie avant que la glace fondante ne détruise tout. Le compte à rebours nous tient en haleine jusqu’au bout !
Trois jours et une vie de Pierre Lemaitre joue sur une autre corde : après qu’un enfant a commis l’irréparable, les trois jours qui suivent deviennent une course effrénée pour cacher son crime. Chaque heure qui passe augmente le risque d’être découvert.
« Le suspense naît rarement de ce qui arrive, mais de quand cela va arriver. » — Alfred Hitchcock
Les différentes saveurs du temps qui presse
Le chrono en plein visage : Un mécanisme qu’on ne peut ignorer – une bombe qui tic-tac, un ultimatum clair, un compte à rebours visible qui structure toute ton histoire.
Le délai naturel : La nature impose sa loi – l’aube qui menace un vampire, une tempête qui approche, une marée montante qui va submerger ton refuge.
Le délai intime : Une contrainte propre au personnage – une maladie qui progresse, une grossesse qui arrive à terme, un poison qui se répand dans le corps.
Le délai social : Une échéance imposée par la société – une deadline professionnelle cruciale, un mariage à empêcher d’urgence, une prescription juridique sur le point d’être atteinte.
⚠️ L’erreur qui tue la tension
Attention à l’extension artificielle du délai sans bonne raison ! Si ton personnage a 24 heures au départ, mais que tu étires ce délai sans justification crédible, ton lecteur va lever les yeux au ciel et la tension s’évaporera.
🔧 Pour t’entraîner
- Place ton chrono : Choisis un moment clé de ton histoire et ajoutes-y un délai non négociable qui change tout.
- Sous pression : Écris une scène où le temps qui file pousse ton personnage à faire des choix qu’il n’aurait jamais envisagés en temps normal.
💡 Mon conseil pratique : Pour que ton compte à rebours fonctionne vraiment bien, rappelle régulièrement à ton lecteur que le temps passe, mais avec subtilité. Un coup d’œil à la montre, la position du soleil qui change, une goutte de sueur qui perle… Ces petits détails maintiennent la tension sans alourdir ton récit.
👉 Cet article : 6 techniques pour écrire un roman haletant pourrait t’intéresser.
7. Faux ami : semer le doute pour pimenter tes relations entre personnages
Quand on ne sait plus qui est vraiment loyal au héros, ça crée une tension qui tient ton lecteur en haleine et ajoute une belle couche d’émotions à ton histoire.
Comment ça marche dans la vraie vie (d’écrivain) ?
Le truc, c’est de créer des personnages qui semblent être du côté du héros, mais dont les vraies intentions restent floues tout au long de l’histoire. Ton héros doute, ton lecteur aussi !
Exemples :
Dans La Fille du train de Paula Hawkins, les trous de mémoire de Rachel nous font constamment douter : qui est vraiment de son côté et qui profite de sa perception bancale de la réalité ?
Le comte de Monte-Cristo nous montre l’art du faux ami à son sommet. Danglars, Fernand et Villefort se présentent d’abord comme les potes d’Edmond Dantès… avant de le poignarder dans le dos et de provoquer sa chute. L’effet est magistral !
« La véritable trahison ne vient jamais de tes ennemis. » — Gillian Flynn
La recette d’un faux ami qui fonctionne
Des raisons crédibles d’aider le héros : Ton faux ami doit avoir des motifs logiques pour jouer les alliés, comme des intérêts communs ou des valeurs qu’ils paraissent partager.
Des moments de vraie aide : Pour être convaincant, ton faux ami doit parfois réellement aider le héros. C’est ce qui rend la trahison encore plus douloureuse !
De petites incohérences par-ci par-là : Glisse quelques contradictions dans ses paroles ou ses actions – juste assez pour semer un léger malaise, mais pas trop pour qu’on puisse encore leur trouver des excuses.
Un passé qui cache quelque chose : Développe un historique ou des connexions qui, une fois révélés, font de la trahison une suite logique de l’histoire.
⚠️ L’erreur qui gâche tout
Évite le faux ami caricatural dont la duplicité saute aux yeux du lecteur, mais reste invisible pour le héros. Quand ton lecteur se dit « Comment peut-il être aussi aveugle ?! », c’est que tu as raté ton coup.
🔧 Pour t’entraîner
- Joue sur l’ambiguïté : Crée un personnage dont la loyauté reste floue en équilibrant soigneusement les indices contradictoires sur ses vraies motivations.
- La confiance forcée : Écris une scène où ton héros doit faire confiance à quelqu’un malgré des signaux d’alarme, créant ainsi une tension palpable.
💡 Mon conseil pratique : La révélation d’un faux ami est d’autant plus puissante que les indices étaient là depuis le début. Le meilleur faux ami n’est pas celui qui change soudainement de camp, mais celui dont le masque tombe pour révéler sa véritable nature qui était cohérente depuis le début.
👉 Ce qu’il te faut, ce sont des personnages complexes, pétris de fêlures et d’ambiguïtés : l’article Donne vie à des personnages de fiction inoubliables peut t’y aider.
8. Hareng rouge : brouiller les pistes sans perdre ton lecteur
Le hareng rouge, c’est cette astuce géniale qui consiste à placer une fausse piste pour détourner l’attention de ton lecteur et créer un effet « wow » quand la vérité éclate enfin.
Comment ça marche concrètement ?
Pour réussir ton coup, sème des indices qui pointent vers une conclusion qui paraît évidente, avant de révéler une tout autre vérité qui était pourtant là, sous nos yeux, depuis le début.
Exemples
Dans Les aventures de Sherlock Holmes, Arthur Conan Doyle nous fait regarder ailleurs – comme dans Le Ruban moucheté où on suspecte des humains alors que le danger vient d’un serpent. La surprise est totale, mais parfaitement logique une fois révélée !
Robe de marié de Pierre Lemaitre joue brillamment avec nos attentes. On suit certaines pistes psychologiques alors que la folie du personnage principal se construit sur un tout autre terrain. On se fait avoir, mais avec plaisir !
« Le lecteur voit toujours ce que vous lui montrez. Le truc est de lui montrer la mauvaise main. » — Stephen King
Les harengs rouges sous toutes leurs formes
Le suspect idéal : Ce personnage crie « coupable ! » par tous ses pores… mais ne l’est pas. Pendant qu’on le surveille, le vrai coupable agit tranquillement.
L’objet qui attire l’œil : Ce machin qu’on te présente comme super important mais qui, en fait, te détourne de ce qui compte vraiment.
La menace-écran : Un danger qui occupe toute l’attention pendant qu’une menace bien plus sérieuse se prépare dans l’ombre.
La fausse quête : Cette mission qui semble être le cœur de l’histoire mais qui s’avère secondaire face à un enjeu plus profond qui émerge petit à petit.
La recette d’un bon hareng rouge
Un hareng rouge réussi doit être assez convaincant pour t’embobiner un moment, mais après coup, tu dois pouvoir repérer les indices qui pointaient vers la vérité depuis le début. Ce moment « Ah, mais bien sûr ! » est une vraie récompense pour ton lecteur.
⚠️ L’erreur qui gâche tout
Attention à la fausse piste gratuite qui ne colle pas naturellement à ton histoire. Ton lecteur se sentira manipulé plutôt que subtilement guidé. Chaque hareng rouge doit avoir sa place et son utilité dans ton histoire.
🔧 Pour t’entraîner
- Trouve ta diversion : Imagine une fausse piste que tu pourrais glisser dans ton histoire actuelle, mais qui reste cohérente avec ton univers et tes personnages.
- Le choc des révélations : Écris une scène où ton héros découvre qu’une de ses convictions profondes était complètement fausse, chamboulant toute sa vision des choses.
💡 Mon conseil pratique : Ne laisse pas tomber brutalement ta fausse piste une fois qu’elle a fait son effet ! Donne-lui une conclusion satisfaisante qui s’intègre dans ton histoire principale, même si elle prend un tournant inattendu. Comme ça, ton lecteur n’aura pas l’impression d’avoir perdu son temps.
9. Montrer plutôt que dire : faire vivre ton histoire à ton lecteur
Cette technique est le secret pour plonger ton lecteur au cœur de l’action plutôt que de simplement lui raconter ce qui se passe.
Comment ça marche concrètement ?
Laisse tomber les grandes explications et mise plutôt sur ce qu’on voit, entend, sent, touche et goûte. Mets de l’action qui parle d’elle-même !
Du dire au montrer : la transformation en exemples
- Dire platement : « Jean était terrifié par l’orage. »
- Dire en enjolivant : « Jean ressentait une terreur paralysante à chaque éclair de l’orage. »
- Un mix des deux : « La terreur de l’orage figea Jean, qui s’agrippait au rebord de la fenêtre à chaque éclair. »
- Montrer en action : « Les mains de Jean tremblaient tandis qu’il s’agrippait au rebord de la fenêtre. Chaque éclair illuminait son visage blême, et il sursautait au moindre grondement du tonnerre. »
Exemples :
Dans Les Misérables, Victor Hugo ne se contente pas de nous dire « Jean Valjean était super fort ». Non, il nous le montre en train de soulever une charrette comme si c’était un simple jouet. Et là, on y croit !
« N’écrivez pas que le personnage est en colère. Faites-le jeter une tasse contre le mur. » — Ernest Hemingway
Quand le « dire » reste quand même utile
- Pour sauter dans le temps (« Trois années passèrent »)
- Pour glisser des infos de contexte pas super importantes
- Pour garder un rythme rapide dans les scènes d’action
- Pour créer un contraste avant de « montrer » quelque chose d’important
⚠️ L’erreur qui gâche tout
En faire trop : il faut doser. Ton personnage n’a pas à devenir rouge écarlate et les veines saillantes à chaque fois qu’il est contrarié (sauf s’il a de sérieux problèmes de gestion de la colère façon Hulk).
🔧 À toi de jouer !
- Retrouve un passage de ton texte où tu « dis » trop, et réécris-le en mode « montrer ».
- Décris la joie, la peur ou la colère d’un personnage juste avec ses gestes et actions, sans jamais nommer l’émotion.
Le mot de la fin :
Tu l’as peut-être remarqué en parcourant cet article : certaines techniques semblent faites pour le thriller ou le polar. Pourtant, ces neuf stratégies fonctionnent dans tous les genres ! C’est juste une question d’adaptation et de dosage selon l’univers que tu crées.
💡 D’ailleurs, la littérature actuelle mélange de plus en plus les genres. Alors n’hésite pas à piocher des techniques d’un univers pour enrichir un autre : ton roman historique peut devenir addictif avec le rythme d’un thriller, ta romance peut s’épanouir dans un monde aux accents de fantasy.
Ces techniques sont des outils à ta disposition, pas des règles gravées dans le marbre. C’est ton histoire et l’expérience que tu veux offrir à tes lecteurs qui restent tes meilleurs guides.
En t’appropriant ces neuf techniques, tu donneras à ton manuscrit cette dynamique qui fait qu’on ne peut plus le lâcher. Mais n’oublie pas l’essentiel : l’équilibre. Teste, ajuste, et choisis ce qui sert le mieux ton histoire et ton style.
Comme pour toute compétence, c’est en pratiquant que tu deviendras meilleur pour captiver ton public. Donne-toi le temps d’expérimenter et d’avancer à ton rythme.
👉 Sur le même sujet, l’article Comment transformer ton roman en page-turner : le guide qui va rendre tes lecteurs accros pourrait t’intéresser.
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