J’ai fini mon roman en restant un imposteur (et alors !)

Juil 10, 2025 | 0 commentaires

Ce que les auteurs publiés ne disent pas sur le doute

Il était 23h47 un mardi soir quand j’ai tapé ces trois lettres : F-I-N. 

J’ai regardé l’écran. Mes mains sur le clavier. L’écran encore. J’ai attendu. La transformation, l’illumination… ce moment où j’allais enfin me sentir « vraie écrivaine » … Rien. Juste le bourdonnement de mon ordinateur.

La réponse était aussi décevante que prévisible : je me sentais exactement comme avant. Toujours ce même sentiment d’être un imposteur qui a eu de la chance. Quelqu’une qui a réussi berner tout le monde (et surtout elle-même) pendant des mois. Comme si j’avais terminé un marathon en trichant.

Cette déception révèle une croyance tenace : qu’un jour, après avoir franchi une étape décisive, nous nous réveillerons transformés. Diplômé, nous deviendrons compétents. Parents, nous saurons naturellement quoi faire. Et écrivains… eh bien, nous nous sentirons enfin légitimes de manier les mots.

La réalité est bien différente. Terminer un roman ne change pas fondamentalement qui tu es. Tu ne te réveilles pas avec une nouvelle identité estampillée « écrivaine officielle ». 

Et si le vrai problème, c’était de croire qu’on devrait se sentir légitime ?

Anatomie de l’imposteur qui écrit (pourquoi c’est normal et même utile)

« L’homme est condamné à être libre » , écrivait Sartre. 

Transposons : l’écrivain en herbe est condamné à créer sans attendre d’autorisation. Cette liberté effraie, parce qu’elle nous rend responsables de nos mots, de nos histoires, de notre audace à nous prétendre conteurs.

Sartre parlait de « mauvaise foi »  — cette tendance à se mentir à soi-même pour éviter l’angoisse de la liberté. « Je ne suis pas écrivain »  devient alors un mensonge confortable qui nous évite d’assumer la responsabilité de créer. C’est plus rassurant de se dire qu’on n’a pas le droit que d’accepter qu’on l’a toujours eu.

Cette angoisse existentielle, Steven Pressfield l’appelle « résistance ». Une force intérieure qui surgit au moment même où quelque chose compte. Dans The War of Art, il identifie cette résistance intérieure qui surgit chaque fois qu’on s’approche de quelque chose d’important pour nous. 

Plus un projet nous tient à cœur, plus la résistance intérieure se manifeste. C’est presque une loi du processus créatif. Plus nous tenons à quelque chose, plus notre cerveau trouve de raisons de nous en détourner – par peur de l’échec, par peur du jugement, par peur de découvrir nos limites.

Autrement dit, ton syndrome de l’imposteur ne prouve pas que tu n’es pas fait pour écrire. Il prouve que ton roman compte énormément pour toi.

Il faut distinguer le syndrome de l’imposteur du perfectionnisme paralysant. L’imposteur doute de sa légitimité mais continue d’avancer. Le perfectionniste sabote son travail avant même de commencer. L’un crée dans l’inconfort, l’autre fuit dans l’inaction. 

Si tu écris malgré tes doutes, tu es déjà du bon côté. Ce n’est pas un symptôme réservé aux débutants. Il hante aussi les auteurs consacrés — et parfois, il devient même leur moteur. 

Cette sensation d’imposture traverse tous les parcours créatifs.

 

Maya Angelou, après une dizaine de livres publiés, avouait encore :

« J’ai écrit onze livres, mais à chaque fois je pense : “Oh, ils vont découvrir maintenant. J’ai berné tout le monde, et ils vont s’en rendre compte.” »

 

Neil Gaiman raconte s’être senti illégitime jusqu’au jour où il a rencontré un autre auteur — admiré, reconnu — qui lui a confié exactement la même chose. Ce jour-là, il a compris : personne n’est totalement à l’abri du doute. Même les « grands ».

 

Stephen King, malgré le succès de Carrie, se levait à 5 h pour écrire avant d’aller enseigner, persuadé que tout pouvait s’écrouler. Dans Écriture, il raconte avoir longtemps eu l’impression de “voler du temps à sa vraie vie” pour écrire. Le doute ne l’a jamais quitté — il a simplement appris à composer avec.

 

Sylvia Plath, pourtant prodige précoce, écrivait dans ses journaux :

« Je suis une fraude, et j’ai peur d’être découverte. »

Cette peur ne l’a pas empêchée d’écrire. Au contraire : elle a nourri l’urgence, l’intensité, la sincérité de ses textes.

 

Amélie Nothomb revendique ne pas savoir écrire. Elle se dit simplement « douée pour raconter des histoires ». Cette posture d’imposture assumée est devenue sa liberté : elle publie un roman par an sans se sentir obligée de “prouver” quoi que ce soit.

 

Virginie Grimaldi, romancière contemporaine la plus lue en France, confie, elle aussi, ne pas se sentir légitime : « Le succès ne donne pas confiance en soi (…) il y a une grande peur de décevoir. » Elle ajoute : « Moi qui me suis toujours sentie un peu différente, j’étais une ado avec mes angoisses, ma sensibilité. »

Le doute ne l’a pas quittée. Il l’accompagne, parfois douloureux, mais aussi comme une boussole : il lui rappelle qu’elle écrit pour de vrai, qu’elle écrit pour de bon.

 

Aucun n’a attendu de se sentir légitime. Ils ont transformé leur imposture en moteur créatif plutôt qu’en frein.

Pour s’en convaincre, il suffit de regarder ces autrices françaises qui caracolent aujourd’hui en tête des ventes. Elles aussi ont commencé par douter, elles aussi se sentent parfois imposteures. Preuve que l’homme au sommet de la montagne n’est pas tombé du ciel – et ces [6 romancières qui ont conquis le monde grâce à l’auto-édition] l’illustrent parfaitement.

Le doute n’est pas un bug dans le système créatif, c’est une fonctionnalité. 

Il signale que tu te soucies de la qualité de ton travail, que tu as conscience des enjeux, que tu respectes l’acte d’écrire.

 

En psychologie cognitive, on observe que les personnes les plus compétentes sont souvent celles qui doutent le plus de leurs capacités. 

C’est l’inverse de l’effet Dunning-Kruger  (cette tendance des débutants à surestimer leurs compétences) : plus tu en sais, plus tu mesures l’étendue de ce que tu ignores encore. Ton syndrome de l’imposteur pourrait bien être la preuve de ton sérieux et de ton engagement.

⚠️ Beaucoup de conseils cherchent à le faire disparaître.

Et si, au contraire, l’enjeu était de cohabiter avec lui ?

Le syndrome de l’imposteur n’est pas forcément un problème à régler, mais un signal à écouter.

Voici cinq manières d’en faire un moteur.

Les 5 stratégies de l’imposteur productif

 

Stratégie 1 : L’écriture en catimini 

La première stratégie consiste à éviter soigneusement l’étiquette « écrivain ». Ce mot charrie trop d’attentes, trop de représentations intimidantes. À la place, adopte un vocabulaire qui désarme ta résistance intérieure.

Tu n’écris pas un roman, tu « griffonnes des idées ». Tu ne « développes des personnages », tu « notes des observations sur des gens fictifs ». Tu n’as pas de « routine d’écriture » , tu as juste « l’habitude d’organiser tes pensées »  tous les matins.

Cette technique du camouflage linguistique court-circuite les associations paralysantes. 

Bien sûr, certains trouvent au contraire du réconfort dans le mot « écrivain » — comme une déclaration d’intention, un point d’ancrage. Si c’est ton cas, tant mieux. Ce qui compte, c’est d’adopter le langage qui t’aide à avancer, pas celui qui te bloque.

Quand quelqu’un te demande ce que tu fais de tes soirées, tu réponds : « Je travaille sur un projet personnel qui me tient à cœur » plutôt que « J’écris un roman ». Le résultat est le même, mais la pression psychologique disparaît.

L’avantage ? 

Tu peux créer sans endosser l’identité d’écrivain qui te terrorise. Tu restes dans ta zone de confort identitaire tout en nourrissant secrètement ton ambition créative.

 

Stratégie 2 : La règle du « assez bon pour aujourd’hui »  

Charles Pépin fait une distinction cruciale entre confiance et estime de soi. L’estime, c’est la valeur qu’on s’accorde. La confiance, c’est sa capacité d’action. Tu peux manquer d’estime (te sentir imposteur) tout en gardant confiance (continuer à écrire).

« La confiance en soi, c’est avoir le courage d’agir malgré le doute », écrit Pépin. 

Appliqué à l’écriture, cela donne la règle du « assez bon pour aujourd’hui » .

Chaque soir, au lieu de juger ton travail selon des standards d’excellence absolue, demande-toi simplement : « Est-ce que c’était assez bon pour aujourd’hui ? »  Une page bancale mais écrite vaut mieux qu’une page parfaite mais fantasmée. C’est cette régularité, plus que le talent brut, qui fait les écrivains.

Cette approche s’inspire du concept de « good enough parenting »  théorisé par Donald Winnicott : être un parent suffisamment bon plutôt que parfait. Appliqué à l’écriture, cela libère d’une pression paralysante. Tu n’écris pas pour l’éternité à chaque session, tu écris pour avancer d’un pas.

Exercice concret : 

Tiens un carnet dans lequel tu notes, chaque soir, une chose « assez bonne »  de ta session d’écriture. Une description réussie, un dialogue qui sonne juste, même une simple phrase qui te plaît. Cette pratique permet à ton cerveau de focaliser sur le progrès plutôt que les manques.

 

Stratégie 3 : Le camouflage créatif

Au-delà du vocabulaire, change carrément de cadre mental. « Mon roman »  devient « ce projet ». « Écrire »  devient « avancer sur le texte » . « Être écrivain »  devient « quelqu’un qui écrit » .

Cette technique neutralise les mots qui font surgir ton syndrome de l’imposteur. Le cerveau associe certains termes à des représentations intimidantes. En changeant les mots, tu changes la charge émotionnelle.

Quand tu ouvres ton document, ne pense pas « Je vais écrire mon roman ». Pense « Je vais travailler sur mon projet pendant 30 minutes ». L’action reste identique, mais la résistance diminue. C’est de la psychologie appliquée au service de ta créativité.

Cette approche respecte ton système nerveux. Au lieu de forcer contre ta résistance (ce qui l’amplifie), tu la contournes avec intelligence.

 

Stratégie 4 : L’exploration de la résistance 

Voici une approche radicale : utiliser ta résistance comme une boussole créative. Quand tu ressens une forte résistance à écrire une scène particulière, demande-toi : « Qu’est-ce que cette résistance révèle ? » 

Cette réticence pointe souvent vers les passages les plus importants, ceux qui demandent le plus de vulnérabilité ou de vérité. Au lieu de fuir cette zone d’inconfort, explore-la. Elle contient souvent l’essence de ton récit.

Pratique concrète : quand tu procrastines sur une scène, note dans un carnet : « Je résiste à écrire X parce que… »  Puis explore ce « parce que ». Tu découvriras généralement que tu évites un passage parce qu’il touche à quelque chose d’essentiel, de difficile, d’authentique.

Cette alliance transforme ton rapport au doute. Au lieu de le subir, tu l’utilises. Au lieu de le fuir, tu l’interroges. Tu cesses de subir tes résistances pour en devenir le détective..

 

Stratégie 5 : La célébration discrète

L’imposteur a tendance à minimiser ses accomplissements. « Ce n’est qu’un premier jet », « Ce n’est pas encore fini », « Ce n’est pas très bon » … Cette autodépréciation chronique sabote ta motivation à long terme.

La solution ? Des rituels de célébration discrets mais réguliers. Pas besoin de fanfare ou d’annonces sur les réseaux sociaux. Des marqueurs personnels et privés qui reconnaissent ton avancée.

Quelques idées : un carnet de progression où tu notes tes étapes franchies, une petite récompense à chaque chapitre terminé (un livre, un café spécial, une sortie), un moment de gratitude en fin de session pour célébrer le simple fait d’avoir écrit.

L’objectif n’est pas de te convaincre que tu es génial, mais de reconnaître que tu avances. Cette reconnaissance nourrit ta persévérance sans alimenter ton ego. Elle entretient la flamme créative sans attirer l’attention sur tes « prétentions »  d’écrivain. 

Si tu appliques ces stratégies, que va-t-il se passer concrètement ? À quoi t’attendre dans les mois à venir ? Voici une cartographie possible.

À quoi s’attendre : le parcours de l’imposteur productif

L’imposteur veut des garanties. « Dans combien de temps vais-je me sentir légitime ? »  La réponse décevante : jamais complètement. Mais voici ce qui change vraiment.

Ce calendrier n’est pas une vérité gravée dans le marbre. C’est un modèle possible, basé sur ce que j’ai observé chez beaucoup d’auteurs — moi compris. Tu avanceras peut-être plus vite, ou plus lentement, ou par à-coups. Ce n’est pas une course : l’important, c’est d’avancer.

Premières semaines (Mois 1-2) : Les stratégies d’évitement fonctionnent. Tu écris régulièrement grâce au camouflage linguistique et aux rituels, mais le doute reste massif. Chaque session commence par « Je n’y arriverai jamais » et se termine par « Ce n’est pas terrible ». C’est normal et temporaire.

Phase d’habituation (Mois 3-6) : L’écriture devient routine. Ton cerveau cesse de négocier avant chaque session. Mais attention : les relectures restent douloureuses. Tu découvres la différence entre « écrire mal » et « écrire un premier jet ». Cette distinction change tout.

Maturation du doute (Mois 6-12) : Ton syndrome de l’imposteur devient plus sophistiqué. Au lieu de « Je ne sais pas écrire », tu penses « Ce dialogue sonne faux » ou « Cette transition ne marche pas ». Le doute global devient diagnostic spécifique. Progrès déguisé.

Imposture familière (Au-delà d’un an) : Tu ne te sens toujours pas légitime, mais cette sensation devient familière, presque confortable. Elle te garde exigeant sans te paralyser. Tu écris avec ton doute plutôt que malgré lui.

Le vrai changement ? Pas la disparition de l’imposture, mais sa transformation en outil de travail. Tu passes de « Je ne devrais pas écrire » à « Je ne sais pas si c’est bon, mais je continue. »

👉 J’ai écrit un billet d’humour sur ce sujet : Comment tuer ton roman dans l’œuf (avec talent et méthode) ? [Ici]

 

Écrire en restant un imposteur

 

Rituels d’écriture anti-résistance

La résistance frappe surtout au moment de commencer. Une fois lancé, l’élan prend le relais. D’où l’importance d’un rituel de démarrage qui court-circuite la procrastination. Crée une routine de 5 minutes avant d’écrire : même place, même boisson, même playlist. Le cerveau associe rapidement ces éléments à l’état créatif. Tu conditionnes ton système nerveux à passer en mode écriture sans négociation interne.

Technique du dernier paragraphe : commence par relire les dernières lignes écrites. Cette relecture te remet dans l’ambiance et te donne naturellement envie de continuer. Plus besoin de partir de zéro devant la page blanche.

L’astuce du timer : écris par blocs de 25 minutes (technique Pomodoro revisitée). Cette durée limitée rassure ton cerveau : ce n’est pas un engagement infini, juste un court créneau. Et souvent, tu continues au-delà.

La phrase de sortie : arrête-toi toujours au milieu d’une phrase ou d’un paragraphe. Cette interruption volontaire facilite la reprise lors de la session suivante. Tu sais exactement par où recommencer, sans angoisse de la page blanche.

Gérer les questions sociales

L’imposteur redoute particulièrement les questions sur « son livre ». Comment répondre sans mentir ni paniquer ?

Prépare des réponses toutes faites

« C’est un projet personnel qui me tient à cœur », 

« J’explore une histoire qui me passionne », 

« C’est un travail en cours, je préfère ne pas trop en parler pour l’instant » .

Ces formules sont honnêtes sans être précises. Elles satisfont la curiosité sans t’exposer au jugement. Elles protègent ton énergie créative.

Évite le surpartage. Raconter ton intrigue dans le détail te fait perdre l’élan narratif. Garde l’histoire pour ton manuscrit, pas pour les dîners en ville. Plus tu racontes, moins tu écris.

Même prudence sur les réseaux sociaux : poster chaque avancée donne l’illusion de progresser, mais siphonne parfois ton envie d’écrire. Laisse ton histoire mûrir loin des likes.

Constitue un cercle de confiance restreint : une ou deux personnes bienveillantes à qui parler sans masque. Pas plus. L’intimité créative se dilue dans la surexposition.

 

Briser l’isolement sans s’exposer

Mais s’isoler complètement est tout aussi dangereux. La solitude nourrit les doutes. Il existe des formes de compagnonnage discret qui soutiennent sans surexposer.

Le piège des communautés “officielles” : les groupes d’écriture classiques peuvent intimider. Écouter des auteurs parler technique, évoquer leurs publications avec assurance… L’imposteur s’enfonce par comparaison.

Voici des alternatives douces :

  • Les groupes « premier roman »  : lieux où l’imposture est normale, les doutes partagés, les ambitions modestes.
  • Le coworking silencieux : sessions d’écriture collectives sans échange. Écrire ensemble, chacun pour soi.
  • Le mentorat inversé : aider un écrivain plus débutant que toi. Expliquer ce que tu sais renforce ta propre confiance.
  • Les défis anonymes : participer à des challenges d’écriture sous pseudo. Tu écris en groupe, mais sans te dévoiler.

L’objectif n’est pas de sortir du placard créatif, mais de te rappeler que tu n’es pas seul·e dans cette imposture productive.

 

Survivre aux phases de relecture

Tu rouvres ton manuscrit après quelques semaines… et tout te semble nul. C’est normal. La distance critique fait partie du processus. Elle ne reflète pas la qualité de ton texte, juste ton regard du moment.

Adopte une stratégie post-lecture :

  • La relecture différée : attends au moins une semaine avant de juger un passage écrit. Ce recul fait émerger des qualités invisibles à chaud.
  • L’approche chirurgicale : au lieu de condamner l’ensemble, identifie les points précis qui clochent. « Ce dialogue sonne faux »  vaut mieux que « tout est raté ».
  • L’exercice des trois passages : avant de corriger, note trois moments qui fonctionnent. Cela équilibre ton regard critique et te rappelle que tu sais écrire.

 

La relecture n’est pas un verdict final, c’est un diagnostic pour améliorer. Change de perspective : tu n’es plus le juge de ton travail, tu en es le médecin.

👉 Cet article peut t’aider à t’organiser Le plan d’action pour (enfin) écrire ton roman cette année. À lire [Ici]

 

Rester imposteur, devenir auteur

 

« Je n’ai jamais pensé que j’avais le droit d’écrire. J’ai écrit » , confie Annie Ernaux, prix Nobel de littérature 2022. 

 

Cette phrase résume tout : l’autorisation n’existe pas, il n’y a que l’acte d’écrire. Ernaux a construit une œuvre magistrale en partant de cette position d’illégitimité ressentie, en transformant ce doute en force créative.

Voici la vérité que peu de gens osent dire : même publié, le syndrome de l’imposteur persiste. Les auteurs établis continuent de douter, de se sentir fraudeurs avant chaque nouveau livre. La différence ? Ils ont appris à créer avec cette sensation plutôt que malgré elle.

Cette révélation est paradoxalement libératrice. Pas besoin d’attendre la “guérison” pour commencer ou continuer. Pas besoin de se sentir légitime pour l’être réellement. Mieux vaut un imposteur productif qu’un écrivain paralysé par l’obsession d’authenticité.

La vraie transformation ne consiste pas à éliminer le doute, mais à l’accepter comme compagnon de route.
À écrire non pas parce que tu te sens écrivain, mais parce que tu as quelque chose à dire.
À terminer ton roman non pas pour prouver ta légitimité, mais parce que cette histoire mérite d’exister.

Finir vaut mieux que briller.
Terminer un roman imparfait est un accomplissement infiniment plus grand qu’abandonner un chef-d’œuvre potentiel.
Chaque page écrite dans l’inconfort est un acte de courage qui compte plus que toutes les validations externes.

Tu n’as pas besoin de devenir quelqu’un d’autre pour créer.
Tu peux écrire ton roman en étant exactement qui tu es, avec tes doutes, tes résistances, ton sentiment d’illégitimité.
L’imposture créative n’est pas un bug, c’est une fonctionnalité.
Elle te garde humble, exigeant, connecté à l’importance de ce que tu fais.
Elle fait de toi un écrivain conscient de ses responsabilités plutôt qu’un créateur aveuglé par son ego.

Ton roman t’attend.
Pas le roman parfait d’un écrivain légitime, mais ton roman imparfait d’imposteur courageux.
Et c’est exactement ce qui lui donne sa valeur.

Ressources pour approfondir

 

Les classiques que j’ai volontairement omis :
Comme par magie (Big Magic) d’Elizabeth Gilbert et Libérez votre créativité (The Artist’s Way) de Julia Cameron sont des références incontournables sur la créativité. Je ne les ai pas développés ici car ils sont déjà largement commentés et accessibles. Mais ils restent d’excellents compléments pratiques — en particulier les pages du matin de Cameron, pour débloquer la résistance quotidienne.

Les références citées dans cet article :

  • L’Être et le Néant de Jean-Paul Sartre (pour comprendre la « mauvaise foi » créative)
  • The War of Art de Steven Pressfield (LA référence sur la résistance créative)
  • La Confiance en soi de Charles Pépin (distinction cruciale confiance/estime)
  • Les travaux de Donald Winnicott sur le « good enough parenting »

Pour les plus curieux :

  • Bird by Bird d’Anne Lamott : l’art d’accepter les  « premiers jets de merde »
  • Steal Like an Artist d’Austin Kleon : créer sans attendre l’originalité absolue
  • Les études sur l’effet Dunning-Kruger en psychologie cognitive
  • 👉 Le plan d’action pour (enfin) écrire ton roman cette année — à lire pour mettre tout ça en pratique.

Et si tu veux un coup de main pour te lancer sans te compliquer la vie, j’ai préparé 7 mini-trucs pour écrire un roman captivant : une séquence de 7 mails, étalée sur 20 jours, avec des astuces simples à tester immédiatement pour avancer dans ton roman.

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