Femmes de papier : 10 stéréotypes qui me mettent les nerfs à vifs

Juin 21, 2023 | 0 commentaires

Femmes de papier : 10 stéréotypes qui me mettent les nerfs à vifs

As-tu déjà réalisé combien de femmes de papier peuplent notre imaginaire collectif ?

Des vierges naïves aux grands yeux écarquillés aux vieilles garces amères, en passant par les fiancées sacrificielles, je suis fatiguée de voir ces archétypes réchauffés à l’infini. 

J’ai dressé une liste des 10 clichés féminins qui me font lever les yeux au ciel. 

Marre de ces personnages qui n’existent que dans l’imagination débordante des auteurs flemmards.

Alors, voici 10 stéréotypes qui ont grand besoin d’un bon coup de pied aux fesses.

 

1- La sauveuse ou le syndrome de La belle et la bête

 

Une femme rencontre un homme avec de sérieux problèmes, généralement liés à la colère. Il a souvent un comportement abusif aussi bien verbalement que physiquement, mais il est très sexy, alors du coup ça passe. 

Elle décide de le réparer. Elle a su distinguer, derrière ces grands yeux verts tristes, un être brisé qu’elle veut reconstruire. 

Ok. 

J’ai envie de lui crier à chaque page :    

« Red Flag ! 

Sais-tu qu’il existe des mecs tout aussi attirants, qui n’auront pas forcément besoin d’une ordonnance restrictive ? 

Tu pourrais peut-être attendre l’un d’eux ? »

C’est louable de venir en aide à quelqu’un, seulement, c’est différent de transformer un homme des cavernes violent ou un pervers narcissique en gentleman du XXIe siècle. 

Taux de % de réussite proche de zéro. C’est clair, ça va très mal finir. 

Un personnage féminin qui me donne des ulcères (évidemment je ne parle même pas du gars, symbole sur patte de la masculinité toxique qui lui, me donne envie de tout cramer !!!).

Exemples : 

Anastasia Steele dans Fifty Shades of Grey/ Cinquante nuances de Grey, E. L. James : Anastasia pense qu’elle peut guérir les blessures émotionnelles du milliardaire Christian Grey grâce à son amour inconditionnel et à sa patience. 

Sans commentaire.

Harley Quinn dans l’univers de Batman : Harley Quinn, une psychiatre devenue criminelle, est convaincue qu’elle peut guérir le Joker (le célèbre super-vilain) de sa folie et de sa violence, mais se retrouve continuellement piégée dans une relation toxique.

 

Belle (dans La Belle et la Bête) : Dans le conte classique de « La Belle et la Bête », Belle cherche à sauver le personnage masculin incarnant la Bête de sa malédiction et de son apparence monstrueuse. Elle croit qu’elle peut le transformer en un prince charmant en le faisant tomber amoureux d’elle.

Soupir.

Quand on sait les dégâts engendrés par ces clichés sur des générations de filles, ça me donne envie de hurler.

Ne fais pas ça s’il te plaît.

 

2- La fille magnifique qui n’arrête pas de répéter à quel point elle est laide 

Des lèvres charnues, des pommettes à faire pâlir d’envie Angelina Jolie, une taille de guêpe et une poitrine parfaitement proportionnée, bref, imagine un mixte de Scarlett Johansson et Zoé Saldana. 

Mais, elle passe son temps à se plaindre de son physique peu avantageux. 

Je comprends que les écrivains préfèrent créer de “jolis” personnages, et franchissent aisément le pas de les rendre parfaits. Comme ils ne veulent pas qu’ils passent pour des personnes vaniteuses et détestables, ils les créent, inconscients de leurs atouts. C’est vrai que personne n’apprécie les gens arrogants. C’est exact qu’on peut tous avoir des complexes physiques. 

Mais, là, pitié ! C’est trop. Ça rend les personnages peu crédibles. Et me donne envie de les secouer, et de les traiter de p*tains d’idiots. 

N’en fais pas trop. Personne ne t’oblige à créer le sosie de Brigitte Bardot dans les sixties. Pour éviter ça, c’est simple : arrête de ne créer que des personnages au physique de bombasse. Introduis plus de diversité, plus de réalisme… Tu verras, tes lecteurs t’en remercieront.

 

Exemples : 

 

Jessica Rabbit dans Qui veut la peau de Roger Rabbit ? : Jessica est une véritable bombe sexuelle avec des courbes qui font tourner les têtes. Mais, elle prétend que ce n’est que du maquillage et des robes moulantes qui la rendent belle. 

 

Cendrillon : Cette fille est belle à tomber par terre, mais elle se balade en haillons en se plaignant d’être moche ! Sérieusement, Cendrillon, est une bombe à retardement. Si seulement un relooking de la part de ses souris de compagnie l’aidait à se rendre compte de son potentiel 🤦‍♀️

3- La pote (vraiment) ultra sexe 

 

Petite mise au point pour commencer : il n’y a aucun mal à aimer le sexe. 

Ce dont je parle ici, c’est d’un personnage féminin qui est purement sexuel. 

« Elle est caliente. » 

Et, c’est tout. 

À longueur de pages.

Pas d’autre caractérisation à l’horizon, ni personnalité d’aucune sorte. Son unique rôle consiste à se glisser dans le chapitre en balançant ses hanches de manière suggestive. 

 

L’écrivain prétendra qu’elle est comme ça, qu’elle utilise le sexe comme langage et comme arme. Après tout, c’est peut-être vrai. 

Le souci, c’est que personne ne respire la sexualité à chaque instant de son existence. 

Cette femme de papier a-t-elle un passe-temps ? 

Écouter de la musique ? Le cinéma ?

Lire ? 

Ou même ça, elle le fait d’une manière suggestive, en se mordant la lèvre et en jetant des œillades à chaque ligne de texte ?

Je le répète, je n’ai rien contre les personnages sexy, sauf si le protagoniste en question a été créé dans le seul et unique but d’être un objet de fantasme au service du lecteur.

L’image qui me vient en tête est assez trash. Est-ce bien nécessaire de la décrire ? Un indice :  l’écrivain ne se sert que d’une de ses mains pour écrire. 

Merci de garder ça pour un usage strictement intime.

 

Exemples : 

 

Toutes les James Bond Girl du XXe siècle.

 

4- Celle qui ne décide jamais rien

 

Elle est incapable de prendre la moindre décision même si sa vie en dépendait (en occurrence sa vie en dépend !!!). 

Elle n’a aucun pouvoir ni aucune volonté sur son existence. 

Elle passe son temps à se demander ce qu’elle doit faire, et à supplier les autres de lui répondre.

Oui, OK, tout le monde peut avoir besoin d’aides et de conseils. Aucun mal à ça. Mais, à ce niveau-là, il faut se ressaisir d’urgence ! 

« Chérie, il s’agit de ta vie, et tu laisses tout le monde la diriger à ta place, pendant que tu te laisses balloter par les événements sans jamais entreprendre la moindre action. »

Le pire, c’est quand ce personnage totalement indécis est la protagoniste. Personne n’aime les PNG ! Les PNG sont passifs et ennuyeux. Cette héroïne a autant d’influence qu’une chaise. Elle présente à peine plus d’utilité qu’un objet inanimé. 

Je n’ai pas d’explication. 

Quel est l’intérêt de créer un personnage aussi passif ?

 

Exemples : 

 

Ophélie dans la pièce de théâtre Hamlet de Shakespeare : Ophélie est manipulée par les hommes de sa vie, notamment son père et Hamlet. Elle se laisse guider par leurs décisions et perd peu à peu le contrôle sur sa propre vie.

Shakespeare a au moins l’excuse d’avoir écrit sa pièce au tout début du 17ᵉ siècle. Quelle est la tienne, auteur du 21ᵉ ?

 

Buttercup – Dans le roman et le film The Princess Bride. Buttercup est une princesse qui subit passivement les événements et les actions des autres personnages, plutôt que de prendre des décisions et des initiatives pour façonner son propre destin. J’adore ce film, mais son rôle m’exaspère au plus haut point.

 

5- La vieille garce amère 

 

Dans les fictions, on rencontre — encore trop fréquemment — deux types de femmes plus âgées : 

L’insupportable bourrin et la garce jalouse. Ce dernier phénomène touchant les mères, en particulier celles des femmes. 

Encore une fois, précision : je ne dis pas que les mères doivent être forcément gentilles et adorables. Mais, elles peuvent être compliquées, voire problématiques, sans pour autant être jalouses de la beauté et de la jeunesse de leur fille. 

 

Breaking news : toutes les femmes n’aspirent pas à retrouver leurs vingt ans. Certaines ont des objectifs de vie, ont confiance en elle. 

Certaines sont même heureuses telles qu’elles sont (incroyable, je sais). 

Je n’ai absolument rien contre le fait d’écrire une femme de fiction vieille, méchante et perverse, mais elle peut l’être pour d’autres raisons comme :  

 

  • réduire la démocratie à néant pour instaurer un ordre nouveau, 
  • décider d’exterminer la moitié de la population par souci d’équilibre et de justice, 
  • ou bien devenir la mage la plus puissante du monde, non ? 

 

Pas parce qu’elle est une mégère insupportable ou désespérée par sa beauté fanée. 

Cela a déjà été fait. Et, refait.

 

Exemples : les marâtres de Blanche-Neige et de Cendrillon. 

 

6- Stéréotype n° 6 : La vierge naïve aux yeux écarquillés

 

À l’autre bout du spectre, donc. 

Écrire sur un personnage de vierge n’est en aucun cas un problème (comme le fait d’être vierge). 

Non, le problème, c’est de créer une jeune agnelle innocente, complétement coupée du monde qui l’entoure. C’est une personne sexuellement inexpérimentée, pas un bébé ! 

Il y a des tas de raisons pour lesquelles une personne peut être vierge : par choix, par manque d’occasion, parce qu’elle n’a pas rencontré la bonne personne, ou tout simplement parce qu’elle n’est pas prête ou pas intéressée. L’ignorance totale de tout ce qui est intime, ne constitue pas une raison forte et impérieuse d’être inexpérimenté. 

Pourquoi cette fille est-elle obligée d’être une crétine aux yeux de biche qui dit 

« oh, qu’est-ce qu’un pénis ? » (Oui, c’est un cliché qui touche principalement les jeunes hétéros). 

N’a-t-elle pas d’amis ? Pas accès à Internet ? Ne sait-elle pas lire ? 

Désolée, mais ignorance et virginité ne vont pas forcément de pair. 

 

Là aussi, j’ai envie de grogner à chaque ligne : 

« Arrête d’être paresseux et creuse un peu tes personnages, non de non ! »

 

Exemple : 

SandyGrease (Randal Kleiser) : Dans la comédie musicale et le film « Grease », Sandy est initialement présentée comme une jeune fille innocente et réservée, avec des yeux doux et une pure apparence. (Bon Ok, Sandy n’a pas internet…)

 

7- La dure à cuire (qui en fait n’a jamais été dure à cuire) 

 

C’est quelque chose qu’on voit rarement avec des personnages masculins. 

Si un homme est présenté comme un dur à cuire, il l’est vraiment. Il met des coups de poing aux visages des gens, leur tire dessus, et tout un tas d’autres trucs de dur à cuire.

 

Mais, avec des personnages féminins, c’est différent. On nous dit parfois qu’elle est audacieuse et courageuse, mais aucune action ne vient jamais valider cette affirmation. 

Le narrateur se contente de nous affirmer qu’elle est tenace et badass. 

Euh désolée, mais ça ne marche pas pour moi. 

Je vais avoir besoin de la voir en action. 

Peut-être une scène dans laquelle elle donne une bonne correction à quelqu’un ?

 J’avoue que je ne comprends pas cette réticence à valider la badasserie féminine. 

C’est pourtant amusant. 

Et, si ça te pose un problème, pourquoi écrire ce type de personnage ? 

Crée simplement un personnage différent, moins intense.

 

Exemple : 

Bella Swan, Twilight , Stephenie Meyer : Bella est présentée comme une héroïne courageuse et intrépide, mais son rôle principal consiste principalement à être sauvée par d’autres personnages, en particulier par Edward. Elle ne montre pas souvent, au final, des compétences ou une détermination indépendante.

 

Padmé AmidalaStar Wars : Padmé Amidala est un personnage politique important dans la saga Star Wars, mais elle est continuellement reléguée à un rôle de soutien et de motivation pour Anakin Skywalker plutôt que de prendre des actions significatives par elle-même.

Et, ça me hérisse les poils. Elle méritait tellement mieux.

 

8- La fille qui n’est PAS comme les autres filles

Ah, la fille qui n’est pas comme les autres…

Et, comment n’est-elle pas comme les autres filles ?

Parce qu’elle est virile ?

C’est généralement – malheureusement – ce que l’auteur cherche à dire par :

« Elle est spéciale ». 

Sauf que ce qu’il décrit n’a rien de spécial.

« Elle n’est pas comme les autres filles, elle porte des baskets. Mais beaucoup de filles portent des baskets.

Elle n’est pas comme les autres filles, elle a une morale (OMG !). Mais beaucoup de filles ont une morale. »

 

À ce rythme-là, autant dire, elle n’est pas comme les autres filles, elle a une bouche. 

« Oh regarde comme je suis spéciale, j’ai une bouche ! »

Ridicule.

C’est un moyen paresseux et inefficace de rendre ton personnage important et sympathique.

Grrr ! Concentre-toi plutôt sur sa personnalité au lieu de tenter de convaincre le lecteur qu’elle est si unique avec des exemples peu convaincants.

 

Exemple :

Toutes les fois où l’on rencontre « la fille cool de la bande de garçons ».

 

9- Celle dont tous les garçons sont amoureux

 

À ne pas confondre avec celle qui est hyper sexualisée. 

Cette fille-là se promène couverte de phéromones. Chaque personnage masculin du roman est amoureux d’elle. 

Pourquoi ? 

Parce qu’elle est vraiment très jolie. 

Ok. 

Sauf que les gens n’ont pas tous les mêmes goûts. Certains aiment les courbes et les rondeurs, quand d’autres apprécient le style fil de fer ou androgyne. 

Ça n’est pas possible de plaire à tout le monde.

De toute façon “jolie” n’est pas suffisant comme caractéristique. Les gens, même les hommes, aiment aussi la personnalité quelquefois. Tu peux créer un personnage féminin très beau, sans pour autant obliger tous les personnages masculins à être fou d’elle.

 

Exemple

Aphrodite (Mythologie grecque) : Dans la mythologie grecque, Aphrodite est la déesse de la beauté et de l’amour. Son apparence irrésistible lui attire l’affection et le désir de nombreux dieux et hommes,

 

10- La seule femme

 

Il n’y a rien de mal avec cette femme de papier, c’est juste que c’est la seule femme de l’histoire. 

Comment ça ? 

N’y a-t-il que deux personnages ? 

Le récit se déroule-t-il dans une prison pour hommes ? Le roman se déroule-t-il sur la planète Pénis ? 

Non, il y a aucune explication rationnelle à cela. 

Petit rappel : les femmes représentent la moitié de la population, alors écris-les. 

Mais, s’il te plait, aucune des femmes dont j’ai parlé précédemment. Merci.

 

Exemple :

Les exemples ne manquent pas. En voici deux.

 

Ocean’s Eleven (2001- Steven Soderbergh) Dans cette comédie de braquage, le groupe de personnages principaux est exclusivement masculin, avec un seul personnage féminin développé, Tess Ocean.

 

The Avengers (2012- Joss Whedon). Dans ce film de super-héros, le groupe des Avengers est principalement composé d’hommes, et le seul personnage féminin développé est Natasha Romanoff / Black Widow.

 

 

Voilà, ce sont mes dix bêtes noires pour des femmes fictives. 

Je me suis amusée en faisant cette liste, mais j’aurai pu résumer tout ça par : j’aime lire des figures féminines, intéressantes, développées, compliquées, réalistes. 

Pas des découpes en carton unidimensionnelles. 

Évidemment, ça n’est que mon avis et je n’ai pas cité de nombreux autres archétypes éculés, qu’on préférerait ne plus croiser. 

Alors, n’hésite pas à dénoncer toi aussi en commentaire, ces femmes de papier qui te donnent envie de hurler jusqu’à ce que tes cordes vocales se désintègrent.

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